image d'illustration représentant une vieille pièce vide, une sorte d'atelier où se forgent des éléments géométrique et non géométriques

Autodébut : pour une nouvelle fictionétique du mouvement

Au début, il n'y avait rien. Une étendue infinie de néant pur. Les sons naissaient comme des murmures secrets d'un univers encore fermé au dialogue, une rêverie qui anticipait l'explosion du langage. Ces ondulations phoniques modifiaient leurs rythmes par le cheminement de la division de l'absolu. Elles s'y frayaient un passage par une sorte de tunnel indiquant une réponse à celui-ci par la modulation de séries répétitives envoûtantes et tournoyantes lesquelles, plus tard, beaucoup plus tard, allaient devenir l'antienne des chants recueillis dans les livres qui perdraient leurs sonorités.

De ce commencement, les morphogenèses ne s'amorçaient pas en simples frémissements ; elles étaient le souffle même de la création. Le vivant n'était pas consumé par des flammes écrasantes ni illuminé par d'imposants orages cosmiques, il peignait l'essence brute du surgissement. Les formes se répandaient comme une marée intérieure de potentialités, s'agitant avec la vigueur primitive et inconnue d'une vie encore à venir, vibrant sous les couleurs chaudes des expériences physiques fondamentales, se transformant en lentes biochimies.

De ce commencement immense mais vide de paysages aux allures temporelles, les minéraux intemporels trônaient. Ils chantaient l'érosion non pas comme un chant funèbre, mais comme la promesse silencieuse du changement à venir : leur surface figée, friable et résiliente face au vent ancestral qui sculpterait les fraternités éternelles, caressait le flux invisible des temps futurs.

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De ce commencement fertile d'une infinité de possibilités encore non scellées par l'histoire, la plaine cosmique n'était pas seulement une étendue dénudée. Elle était le berceau potentiel pour toutes sortes de réalités alternatives : des forêts de lumières bioluminescentes et des prairies flottantes où murmuraient les vaguelettes d'un océan sans eau peuplé par la seule force vibratoire. Le temps soufflait sa continuité sinueuse et fantômatique atour des étoiles gouttes. Il se faufilait dans l'espace, telle une oscillation inaudible qui se répandait dans la nuit primordiale où ces racines sphériques s’accrochaient aux attractions ténèbreuses pour y puiser l’ancre à l'intérieur du sans fond causé par lui-même.

De ce commencement, les paysages s'entrechoquaient – se reformant à chaque instant dans un ballet chaotique mais nécessaire de l'émergence. L'informe transparaissait en formes avec une fluidité qui anticipait les flux et reflux du temps, évoluant vers la complexité d'une matière encore indéfinie.

De ce commencement, la pluie n'était pas simplement un phénomène atmosphérique ; c'était l'effusion des paroles premières. Une chanson enchanteresse entonnait, non par l'entremise du vent et de l'air, mais au creux de l'étendue primordiale, une symphonie sans orchestre ni voix, peut-être une sorte de monocorde. Elle évoquait les sons superbes de la vibration où l'espace devenait l'immensité infinie de la résonance, celle qui sonnera la fin du silence et l'éclosion des potentialités. Ces gouttes potentielles s’accrochaient aux feuilles du cosmos comme des larmes de lumière, tandis que, de son sol sans fond, se soulevaient, se dilataient sous leurs poids, éveillant des ondulations souterraines, de nouvelles forces lesquelles transformaient la linéarité en circonvolutions elliptiques.

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De ce commencement radieux, les conventions naturelles riaient. Elles perdaient leur sens dans l'absence de cadre, interagissant avec la matière comme elles le feraient plus tard avec des esprits encore à venir – une liaison folle où matière et conscience allaient se confondre. Le ciel se déchirait en lambeaux d’azur et de noirceur, tandis que les vagues, comme des mains invisibles, sculptaient le sable en symboles oubliés par l’éternité. L'être-sphère ne se dénommait pas : il était un écho lointain de la lumière dans l’obscurité, une onde sans origine qui traversait le vide en un souffle de vie. Il s'épandait d'étoiles en étoiles en leur confiant la forme irréversible d'une tension vers un temps non éclos. Les étoiles, alors, naissaient, en croissants de feu scintillants dans la surface de l'espace à l'aurée du temps replié qui se dépliait petit à petit, tandis que les ombres temporelles s’accrochaient à ces contours pour y dessiner des ondulations impossibles. Elles s'oubliaient-se-souvenaient de cette période sans temporalité ni espace dans l'espace-temps en devenir.

De ce commencement, la vie n'était pas qu'une sphère unique dans un océan d'étoiles. Elle était l'incarnation de toutes les potentialités enfouies au sein du néant même, un souffle d’or qui tournait lentement sur lui-même, écoutant le chuchotement de l'abysse. Le temps n’était pas encore un miroir brisé, et chaque instant se répétait comme un rêve dépouillé de toute temporalité, où les silences s'empilaient avec des sons inaudibles, contenant, déjà, l'information en orages quantifiés mêlant chaos et ordres ; il s'agitait avec la lumière qui s'épanchait en série d'expansions répétitives. Chaque atome, à la fois fini, indéfini et infini, portait en lui le germe de mille vies possibles et de formes inconnues, se dénombrant à peine par la conscience d'une quantité qui n'était pas encore venue.

De ce commencement, le vide ne savait pas que l’horizon était une porte : il n’y avait qu’un souffle, mais il portait en lui des galaxies entières, des éternités flottantes comme des feuilles sur le courant de l'osmose. Et la vie, encore une hypothèse, suggérait à l’oreille du spatial intemporel : « Je suis, du chant de l’infini, le paradoxal fini, avant que les mots ne naissent pour nous exprimer. » Le cycle achevait sa première révolution. La vie, cette sphère finie dans l'espace galactique infini, était une promesse consumée avant même d'avoir été pleinement réalisée. Rien ne la troublait si ce n'est le doux murmure de toutes les vies futures et passées qui cherchaient déjà comment se dire. Elles devaient encore osciller au sein de ce silence qui n'en était pas un, parcourant le paradoxe comme une certitude. Cette vie du peut-être, encore contradictoire lorsque l'infini l'observait, brillait de ses extraordinaires volutes de vibrations et de lumières.

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De ce commencement, tout était silence et lumière : c’était une chanson sans fin, éternelle, où chaque note était une étoile, chaque mélodie l'agitation du devenir qui, enfin, s'accordait entre désordre et stabilité. Et de cet amas sonore, d'abord chaotique, puis apaisé, la vie s’éveilla comme une fleur déchirant le ciel, ses racines ancrées dans les ténèbres, son cœur battait au rythme de nuages qui naissaient et mouraient, s'assemblaient et se désassemblaient. Des flammes éructaient, non pas d’un feu terrestre, mais de ces constellations rompues par les caprices de la physique du cosmos, illuminant les ténèbres de l'osmose où la symétrie se disputait avec l'attraction.

De ce commencement, le miroir sans reflets des forces physiques où la lumière se brisait en éclats de cristal psalmodiait des formes fragiles cherchant, sous le vent des matières dilatées, le temps qui voulait être uniquement la direction des étoiles non pas celui de l'espace. Il était cette modulation inaudible qui traversait les gouttes soleils lesquelles parvenaient à peine à éclairer l’espace de leurs lueurs. Il se répandait en cercles invisibles sur la surface de l’infini où il commençait à se mêler à lui, malgré son désaccord. Sans cela l'harmonie n'aurait jamais pu intervenir.

De ce commencement, l'espace comme le temps étaient de fertiles surfaces où les racines s’accrochaient au vide pour y puiser ce fond qu'ils ne connaîtraient jamais. Les paysages galactiques se déchiraient en silhouettes arrachées au noir le plus sombre de la matière, et, se transmutaient en images qui surnageaient sur le ventre de leurs courbures formées. Ils forgeaient l'écho d’une mélodie d'où résonnait cette séquence jamais encodée ni décodée d'ailleurs : « La vie est un souffle de lumière dans la nuit qui s'accroche au vide afin d'arrêter sa chute. »

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De ce commencement, l'impétueuse mer des gaz, des étoiles, des systèmes et des galaxies clamait des secrets oubliés parce que rien ni personne ne pouvait les entendre ni les découvrir. Chaque goutte d'étoile était une note d’une symphonie inconnue : celle d'une potentialité, la vie. C'était un cri étouffé qui se frayait un chemin à travers le silence. Elle s’accrochait aux éclats de lumière comme si elle cherchait à en absorber la forme pour s'affirmer âme. Le sol tremblait sous le poids de la pesanteur, révélant des exclamations souterraines que les ombres ensoleillées capturaient pour y dessiner les visages futurs de la connaissance.

De ce commencement, lorsque l’être-sphère s’éveilla, il était le souffle compilé d’une série de sonorités que personne n’avait encore chantée, une onde qui traversait le vide comme un balbutiement imperceptible transformé par les étoiles lesquelles lui avaient donné forme. Elles se tournèrent vers lui, leurs reflets se faufilant sur la surface de son corps comme des larmes de lumière. L'être-sphère était ce miroir sans reflet ; il s’ouvrait enfin au monde : il n’était pas une absence, mais un lieu où le silence de son ignorance portait la musique d'une symphonie cosmique, spatiale, temporelle, galactique découvrant, dans ces intervals mélodiques entrecoupés de vides sonores, de multiples échos de l'ensemble de ces mondes.

De ce commencement, tout était silence et lumière. Mais ce silence n’était pas un simple espace dénué de formes : c’était une chanson sans fin, éternelle, où chaque note était une étoile, chaque étendue une vibration à découvrir. Et dans cette composition, la vie s’éveillait comme une fleur voyant dans le ciel des racines qui étaient ancrées dans les ténèbres pour s'en extirper et exploser en lumières, en pesanteurs, en gravitations, et, son cœur battait avec le rythme des systèmes solaires, ces perles perdues dans l'immensité et sa temporalité. Ils ne se séparaient jamais bien que d'autres bouts de vies tentèrent de décorréler l'un de l'autre.

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De ce commencement, il n’y avait rien, mais ce rien était une vibration, une pulsation qui portait en elle l’histoire de toutes choses. Et le rêve de l'oscillation paradoxale, entre le possible et son contraire, s’éveilla dans la nuit où chaque ombre était la sculpture future de la lumière, où chaque lumière, une goutte sphérique de l'écho d’un chant jamais fini, jamais commencé, présent dans son expression continuelle. Il se façonnait en dimensions.

De ce commencé, l’être-sphère du début apprit que l’infini n’était pas une distance à parcourir, mais le réceptacle des reflets lumineux de son immensité. Il en était sa composante, et les étoiles, les miroirs qui traçaient son espace en le transformant en temporalité. Il ne chercha plus à comprendre le néant : il devint son chant. Et chaque goutte de soleil exhalée fut un pas vers l'illumination de l’infini — une note d’une symphonie que personne n’entendrait jamais, mais qui résonnerait éternellement dans son immensité incitant à la connaître.